Roll out 09 Tsigaro

Roll out 09 Tsigaro

10/04/2014

See you next time Australia!

Les 2 premières semaines de mars, il ne se passe pas grand chose. L'activité s'est bien calmée, je vole 13h sur tous les avions.
10 mars, le eTug en entretien, je vole sur le MCF
Le vendredi, je reçois un email : je suis invité à passer les sélections d'entrée à la compagnie aérienne indonésienne Susi Air!
Quelle bonne nouvelle! C'est la première compagnie à laquelle j'ai postulé il y a déjà plus d'un an quand je n'avais même pas encore ma licence de pilote pro.
Une compagnie domestique qui opère principalement une large flotte de Cessna Gran Caravan, un monoturboprop d'une dizaine de passagers à travers toute l'Indonésie. Connue pour recruter pas mal de pilotes étrangers qui n'ont pas beaucoup d'heures de vol, elle leur offre beaucoup d'heures et une belle aventure professionnelle.
Si vous ne l'avez pas encore fait, visitez le site indopilot.blogspot.com écrit par un pilote de Pilatus Porter pour Susi Air en Papouasie. C'est un de ceux qui m'a donné envie d'écrire mon propre blog.

A peine le temps de modifier notre organisation initiale : nous avions prévu de passer les 15 premiers jours d'Avril à Bali, et voilà que dimanche arrive un nouveau message indiquant qu'il n'y aura pas de sélection en avril, il faut venir à celle de mars qui commence le dimanche 23, dimanche suivant!

Dès le lendemain matin, j'informe le club de mon départ anticipé et après trois remorqués le matin, un pilote vient prendre le relais puis d'autres pilotes sont trouvés pour assurer l'activité de remorquage de la semaine.
Lundi 17, sans le savoir encore, c'est mon dernier vol à Benalla.
En Scout, dans une MTO toute grise.
À la mi-journée, me voilà de retour à la maison pour commencer à préparer les tests de sélection, pendant qu'Aurélie change les billets d'avion, organise le déménagement tout en s'occupant bien sûr de l'organisation de l'anniversaire de notre grande le lendemain  mardi avec ses copines. Un peu animé comme départ!

La sélection comporte des tests sur ordinateur, un entretien, un examen de vol sur simulateur. Il est précisé qu'il faut connaitre les caractéristiques du Caravan, dont un lien vers le manuel de 500 pages est envoyé.

Je fais ma préparation en (re)lisant le blog susiairinterview.blogspot.com fait par un pilote qui raconte cette aventure, et aussi en utilisant le site latestpilotjobs qui propose un entrainement spécialisé pour ces tests, ainsi qu'en essayant de retenir les points clés du manuel du Caravan. Performances, systèmes, limitations... Je révise un peu aussi les procédures IFR : heureusement que j'avais emporté avec moi le petit simulateur fourni par l'école quand j'ai fait la formation l'an dernier.
Il faut aussi vendre la voiture, prendre les billets pour aller à Jakarta et faire un peu les valises. 
Heureusement, vendredi, Tim le vice-président du club nous dépose à l'aéroport directement, ça nous facilite bien le départ! Nous voilà déjà à l'aéroport de Melbourne à attendre notre vol du soir pour Denpasar, tout en continuant de réviser, la tablette à la main (c'est quand même bien pratique dans ces cas).
C'est allé si vite!
En attendant l'avion, révisions sur les parkings de l'aéroport.
Le Boeing 787 "Dreamliner" prêt à nous amener à Bali.
Un dernier aperçu de l'Australie sous la belle aile du 787


3 heures de décalage horaire vers l'Ouest, plus une le lendemain lorsque je prends l'avion de Denpasar à Jakarta.









Un taxi me fait traverser la ville de Soekarno-Hatta jusque Halim Perdanakusuma où je repère les lieux : un long couloir vide et gris à l'étage de l'aéroport.
Me voilà paré pour le lendemain, ne reste plus qu'à trouver un hôtel.
L'hôtel recommandé a l'air loin, et le chauffeur de taxi m'en indique un tout près. Une fois descendu du taxi je me rends compte que ça n'est pas un hôtel!
Un deuxième chauffeur essaye de m'extorquer pour 10mn le même prix que ce que m'a coûté de traverser la ville en plus d'1 heure. Finalement me voilà quand même dans un hôtel calme et confortable, prêt à commencer les tests le lendemain matin, dimanche à 7h.
Oh la belle chambre!
Les pilotes de Benalla avec qui j'ai bien sympathisé doivent être en train de faire au même moment la soirée d'adieu qu'ils m'avaient prévu!

Le lendemain matin après une demi heure d'attente dans ce couloir terne, nous nous trouvons à 4 dans une petite salle informatique à enchaîner les tests.
La salle où tout se joue.
Je commence par les connaissances aéronautiques, un QCM d'une quarantaine de questions dont environ un quart sur le Caravan : il faut 75% pour réussir mais c'est assez facile.
Ensuite c'est le test Compass : un ensemble de tests relativement simples mais qui demande de la concentration quand même.
Je finis la matinée avec un test informatique de personnalité de plus de 200 questions assez long et pénible avec des propositions à 2 choix pas toujours incompatibles comme par exemple :
  1. Ça ne me dérange pas d'être interrompu au milieu d'un travail
  2. Je suis plus performant quand je travaille en équipe
?
Ou encore
  1. Mon plan de travail est toujours bien rangé
  2. J'aime convaincre les autres
Bien sûr, on ne peut choisir qu'une proposition, et l'on est parfois amené à répondre un peu au hasard en se disant que ça ne doit pas être si critique que ça pour l'embauche.

Une fois le test terminé, on me donne rendez-vous le lendemain matin pour l'entretien. À part ma réussite au test aéronautique, on ne reçoit aucun résultat du test Compass.

À la sortie, je fais la rencontre de Raymond (Wei), un chinois de Nouvelle Zélande qui commence le test le lendemain et qui est venu en repérage. Nous allons boire un café en face et rencontrons Ritesh qui a passé les tests avec moi.
Ritesh est un Népalais qui travaille comme pilote ici à Jakarta. On sympathise bien tous les trois. Ritesh nous file pas mal d'infos sur les compagnies locales, la situation pour les pilotes dans notre cas, nous file pas mal de noms, d'adresses. Raymond nous demande des infos sur les tests passés.
Des heures d'attente interminable entre l'aéroport au carrelage lustré et la cafèt' en face.
Après quelques heures dans le Dunkin' Donut à palabrer aéronautique, je reprends un taxi pour rentrer pas trop tard à mon hôtel histoire d'être serein pour l'interview du lendemain.
Celle-ci a lieu avec le responsable formation ainsi que deux femmes qui rentrent en retard dans la salle sans se présenter, des RH j'ai cru comprendre.
Les questions s’enchaînent : ça commence par la description du circuit carburant du Caravan que j'ai scrupuleusement appris, puis une description de procédure d'attente en vol aux instruments : sans problème. 
Des questions sur la compagnie : combien d'avions, de quels types, exploités sur quelles bases? Malgré toutes mes lectures sur cette compagnie, impossible de me souvenir de plus de deux noms, ça n'a pas l'air d'être apprécié.
Quelques questions plus personnelles me déstabilisent :
Combien de temps je pense rester, comment je me vois avoir évolué au sein de la compagnie dans 10 ans?
Qu'est-ce que je connais de la culture Indonésienne?
J'ai droit également à un laïus sur la vie des pilotes qui changent de plateforme toutes les semaines ou presque même une fois passés commandant après plus d'un an. "Et que ferez-vous si votre femme ne supporte plus cette vie au bout d'un an?"...
Quelle est la pire chose que vous ayez fait dans votre vie? La décision la plus difficile que vous ayez jamais eu à prendre? Difficile de répondre à ce genre de questions sans s'y être préparé à l'avance.
J'ai également droit à une série de mises en situation : "que feriez-vous si...?"
En voulant me présenter sous un aspect sérieux, j'ai du leur paraître aussi flexible qu'un représentant des inspecteurs de l'aviation civile française, ce qui ne doit pas être des plus adapté pour aller piloter des avions au fin fond de l'Indonésie...
Un parking à Halim.
En un peu moins d'une heure, l'entretien s'achève et il ne me reste plus qu'une longue attente, j'aurai la réponse avant 18h le jour même.
Je retrouve les nouveaux compagnons d'aventure à notre désormais QG le Dunkin'Donut où nous passons encore quelques heures à papoter, d'aviation surtout et de la sélection essentiellement.
Nous en profitons avec Raymond pour aller rencontrer le DRH d'une autre compagnie qui cherche des pilotes et que Ritesh nous a indiqué. Après une heure de taxi dans les embouteillages nous arrivons au siège, un petit bureau impeccable à l'étage d'une tour moderne en plein centre de Jakarta. Nous somme accueillis confortablement et le DRH vient en personne nous remettre des dossiers à compléter avant de faire des copies de tous nos documents. Nous serons contactés si nous sommes sélectionnés...
Re-taxi dans les bouchons, (ça commence à être mon deuxième lieu le plus fréquenté ces jours-ci!), pour rentrer à l'hôtel et recevoir peu de temps après un email de Susi Air : ma sélection s'arrête là et je n'irai donc pas le lendemain à Pangandaran pour le contrôle sur simulateur.
Déçu, je me dis que c'était incompatible avec ma vie de famille de toute façon.

Le lendemain mardi, il est prévu de voir Ritesh pour avoir des infos et continuer à démarcher.
Je passe la journée avec Raymond et lui, ils ont passé leur entretien aujourd'hui et j'attends avec eux leurs résultats qui ne seront pas meilleurs que le mien!
Le lendemain, nous prenons un taxi avec Raymond pour rencontrer deux compagnies. Le chauffeur ne parle pas un mot d'anglais et ne connait pas les adresses. Bien sûr, les noms de rues où les numéros ne correspondent pas forcément et les compagnies ne sont pas joignables au téléphone. Après presque deux heures de taxi dans les bouchons, nous rentrons bredouille à Halim sans avoir pu trouver les compagnies. Nous y retrouvons Ritesh qui nous présente le propriétaire d'une compagnie qui est en train de se créer. Toujours attablés au Dunkin' Donut, il nous présente la compagnie et nous laisse ses coordonnées pour lui envoyer nos documents.
Ritesh nous parle d'éventuelles possibilités de rencontres dans les prochains jours, mais au rythme où se passent les choses, je me rends bien compte que je n'ai malheureusement pas assez de temps à consacrer à ces démarches tout de suite. Il y a sûrement du potentiel pour trouver un boulot, mais il faut prévoir de venir y consacrer du temps.
Je décide de ne pas changer mon billet retour pour Bali et file vers Soekarno prendre mon avion.
Avec beaucoup de regrets. Avoir échoué la sélection, ne pas avoir pu rencontrer plus de compagnies, ne pas avoir pu rencontrer comme prévu Benoît, un pilote de Susi Air qui avait remorqué à St Gaudens...
Mais aussi du soulagement, de quitter cette ville que je n'ai vue que grise, cet hôtel, ses taxis, ses bouchons, ces attentes interminables...
Et quand même, heureux d'avoir pu vivre cette aventure.
En route vers Soekarno, en taxi sous la pluie pour quitter Jakarta
Voilà une page qui se tourne, l'aventure australienne est terminée, et après 2 semaines de vacances à Bali nous voilà de retour en France.
Le retour, un long périple qui commence en A320 de Jetstar


une magnifique vue sur un Cumulonimbus sur Java
en vol de Denpasar à Singapour
en A380 d'Emirates de Singapour à Dubaï

Et l'arrivée sur Paris en B777.
Un épais brouillard impose les procédures basse visibilité,
et un avion encore sur la piste au moment de notre approche impose une remise des gaz à nos pilotes.
Prochaine étape aéronautique : un contrat saisonnier d'instructeur planeur au Centre National de Vol a Voile de St Auban. Malheureusement pas d'activité avion prévue au programme, mais très certainement de beaux vols dans les Alpes du Sud familières et de belles rencontres!