Roll out 09 Tsigaro

Roll out 09 Tsigaro

10/01/2017

Le Delta

Mon contrat est maintenant fini et nous sommes rentrés en France depuis Novembre déjà. Avec plus de temps et de connexion, j'en profite pour poster des articles qui datent.

Le delta de l'Okavango est une région fascinante à survoler. 
Au premier abord, je l'ai trouvé trop plat et bien moins contrasté que les Alpes du Sud où j'avais passé les saisons précédente a voler en planeur.
Pourtant en voyant comment son aspect change dans le temps, je me suis intéressé au delta.

C'est un des plus grand de ce type en Afrique. Il est formé par la rivière Cubango qui prend ses sources dans les hauts plateaux angolais, traverse la bande de Caprivi en Namibie puis prend le nom d'Okavango en arrivant au Botswana. D'abord canalisé, la rivière arrive ensuite sur le terrain très plat du désert semi-aride du Kalahari.
Le désert du Kalahari. Source wikipedia.

La rivière se disperse alors et forme un véritable oasis, un delta de 250 km par 150 qui s'écoule vers le Sud-Est. Le niveau de l'eau varie en fonction de l'eau amenée par la rivière Okavango et l'intensité de la saison des pluies locales.



L'eau n'atteindra jamais la mer, tout au plus 2% de l'eau à son entrée se retrouve à sa sortie pour se déverser dans la rivière Thamalakane qui coule à Maun qui forme ensuite la rivière Boteti qui finit par parfois atteindre les pans.
Le Thamalakane qui passe au sud de l'aéroport de Maun.

Le Boteti peine à s'écouler au milieu du désert.

Ces zèbres dans les pans doivent se contenter de peu d'eau.

Les pans de Makgadikgadi.
Le reste est perdu par évaporation ou transpiration des plantes. 
Le niveau d'eau n'y est jamais très haut, et en fonction de son alimentation, le delta s'inonde  ou s’assèche ce qui change son aspect.
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce n'est pas vraiment en période des pluies que le niveau d'eau monte. Les sources étant très éloignées et le courant faible, il peut s'écouler jusqu'à 6 mois entre les précipitations aux sources de la rivière et l'arrivée de l'eau a son point le plus au sud du delta.
Tout cela est très bien expliqué en détail sur le site expertafrica :

Une zone inondée dans le delta
A mon arrivée en décembre janvier, le delta était très sec.
De janvier à Mars a eu lieu une courte saison des pluies. À mon retour le delta était vert mais toujours sans eau apparente, et de grands feux ont brûlé la savane.
Puis en mai-juin les eaux arrivés du nord ont inondé le delta, reverdissant les herbes qui n'ont pas brûlé. Mais cette année est plutôt sèche apparemment.

Les variations d'altitude étant très faibles (3m d'écart entre le point le plus haut et le plus bas du delta), ce n'est pas comme un lac ou une rivière habituelle. L'eau "s'étale" et ne suit pas un contour défini, ce qui fait que d'une année sur l'autre les zones inondables changent.
Ainsi, des pistes d'atterrissage dans le delta sont abandonnées et reconstruites ailleurs.

 À cela s'ajoute un autre point. Afin de préserver la nature, rien n'est construit en dur : des routes et pistes uniquement en terre, et des camps ou lodges sur pilotis ou en tente pour que la nature reprenne ses droits lorsque la concession prend fin.

Ainsi, au fil du temps l'aspect du delta change et les pistes aussi. Depuis mon arrivée j'ai déjà vu deux pistes naître, et sur la carte de nombreuses anciennes pistes sont encore représentées, dont on peut voir les traces depuis le ciel.

Ajoutons à cela toute la vie sauvage que l'on peut y observer depuis l'avion, le delta n'est certainement pas un espace uniforme et figé aux yeux du pilote.